Procès : le discours ambigu de Zoulikha Aziri, la mère des frères Merah
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Faits divers | Louise Colcombet | 19 octobre 2017, 7h20|
Longue robe blanche et foulard jaune sur la tête, Zoulikha Aziri s'avance dans la Cour d'assises spéciale de Paris comme dans une poudrière. Un petit signe à son fils, qui lui sourit derrière la vitre du box des accusés, et la voilà dans l'arène, prête à défendre celui qu'elle dit «innocent». Trois heures durant, mercredi, celle qui fait figure de matriarche du clan Merah s'y est employée coûte que coûte, quitte à nier l'évidence. Jugé depuis le 2 octobre pour sa complicité présumée dans les tueries de Montauban et de Toulouse en mars 2011, son fils Abdelkader Merah est, à l'en croire, totalement étranger aux projets mortifères de son autre fils, Mohamed, le «Tueur au scooter».
Depuis le début du procès, de nombreux témoins — éducateurs, psychologues, ses autres enfants — ont décrit une cellule familiale explosive avec un père abusif, qui finira par déserter, et une mère dépassée. Zoulikha Aziri, elle, réfute tout : les coups de son ex-mari, la violence d'Abdelkader et son influence sur Mohamed, la radicalisation de ses fils... et même ses propres déclarations à la police, en 2012. «J'ai pas dit ça», répète-t-elle à l'envi, sans même attendre la fin des questions, provoquant le courroux du président et des parties civiles.
Le prosélytisme d'Abdelkader, les vidéos de décapitations que Mohamed montrait aux jeunes du quartier des Izards, elle n'était «pas au courant». «Abdelkader, c'est moi qui lui ai appris à faire la prière», assure-t-elle. Ses quatre voyages en Égypte ? «C'est moi qui lui ai dit d'y aller, pour prendre des vacances.» «Pourquoi l'Égypte ?» l'interroge le président. «Comme ça.» Selon elle, Abdelkader ignorait aussi que Mohamed était parti au Pakistan, où celui-ci a fréquenté un camp d'entraînement djihadiste. D'ailleurs, jure-t-elle, les deux frères étaient en froid à cette époque.
«Entre son fils et la justice, elle a choisi son fils»
Elle nie, enfin, que sous son toit étaient proférés des propos antisémites, comme l'a pourtant raconté mardi l'aîné de la fraterie, Abdelghani, qui a condamné publiquement les agissements de son frère quand Zoulikha Aziri, elle, est soupçonnée de les cautionner. «C'est très grave, c'est pas bien. Si j'avais su, je l'en aurais empêché», dit-elle pourtant à ce sujet, avant d'ajouter, plus ambiguë : «S'il avait été vivant, il aurait payé pour ce qu'il a fait.» On lui rappelle alors ses conversations avec Abdelkader au parloir, enregistrées à son insu. «Mohamed est parti pour la bonne cause», dira notamment la mère de famille. «C'est faux ! s'emporte-t-elle. Ramenez-moi l'enregistrement !»
Il y a enfin — pierre angulaire de l'accusation dans ce dossier où les preuves sont ténues — ce 4 mars 2011. Vers 23 heures, quelqu'un s'est connecté sur la box Internet de Zoulikha Aziri pour consulter une petite annonce : celle postée par Imad Ibn Ziaten pour vendre sa moto. Le parachutiste sera la première victime de Merah. Ce quelqu'un, pour l'accusation, n'est autre qu'Abdelkader. Sa mère nie : «C'est Mohamed, depuis l'extérieur, il avait mes codes !» «Impossible, lui rétorque Me Mehana Mouhou, avocat de la famille du militaire. Les experts l'ont dit.» «Je sais mieux que les experts ! Personne n'est venu chez moi» «Si, madame, la famille veut la vérité !» tonne l'avocat, dans un face-à-face tendu à l'extrême. «C'est Mohamed !» hurle désormais en français, se passant des services de son interprète, Zoulikha Aziri.
Lorsque Eric Dupond-Moretti, l'offensif avocat de la défense, lâche : «Mais c'est la mère d'un mort, c'est la mère d'un accusé !» la salle explose. En larmes, le frère d'Imad Ibn Ziaten quitte la salle en hurlant sa douleur : «Vous êtes méchants ! Vous êtes de la merde ! Vous êtes des assassins !» Quelques minutes plus tard, le ténor du barreau, après avoir mis le feu aux poudres, se pose en juge de paix. «Elle a perdu son fils, ce n'est pas une injure de le dire», dit-il, doucereux. Et de citer Albert Camus : «Entre son fils et la justice, elle a choisi son fils.»
A la barre de la Cour d'assises spéciale de Paris, la mère de famille s'est employée à défendre son fils Abdelkader qu'elle juge non radicalisé.
Longue robe blanche et foulard jaune sur la tête, Zoulikha Aziri s'avance dans la Cour d'assises spéciale de Paris comme dans une poudrière. Un petit signe à son fils, qui lui sourit derrière la vitre du box des accusés, et la voilà dans l'arène, prête à défendre celui qu'elle dit «innocent». Trois heures durant, mercredi, celle qui fait figure de matriarche du clan Merah s'y est employée coûte que coûte, quitte à nier l'évidence. Jugé depuis le 2 octobre pour sa complicité présumée dans les tueries de Montauban et de Toulouse en mars 2011, son fils Abdelkader Merah est, à l'en croire, totalement étranger aux projets mortifères de son autre fils, Mohamed, le «Tueur au scooter».
Depuis le début du procès, de nombreux témoins — éducateurs, psychologues, ses autres enfants — ont décrit une cellule familiale explosive avec un père abusif, qui finira par déserter, et une mère dépassée. Zoulikha Aziri, elle, réfute tout : les coups de son ex-mari, la violence d'Abdelkader et son influence sur Mohamed, la radicalisation de ses fils... et même ses propres déclarations à la police, en 2012. «J'ai pas dit ça», répète-t-elle à l'envi, sans même attendre la fin des questions, provoquant le courroux du président et des parties civiles.
Le prosélytisme d'Abdelkader, les vidéos de décapitations que Mohamed montrait aux jeunes du quartier des Izards, elle n'était «pas au courant». «Abdelkader, c'est moi qui lui ai appris à faire la prière», assure-t-elle. Ses quatre voyages en Égypte ? «C'est moi qui lui ai dit d'y aller, pour prendre des vacances.» «Pourquoi l'Égypte ?» l'interroge le président. «Comme ça.» Selon elle, Abdelkader ignorait aussi que Mohamed était parti au Pakistan, où celui-ci a fréquenté un camp d'entraînement djihadiste. D'ailleurs, jure-t-elle, les deux frères étaient en froid à cette époque.
«Entre son fils et la justice, elle a choisi son fils»
Elle nie, enfin, que sous son toit étaient proférés des propos antisémites, comme l'a pourtant raconté mardi l'aîné de la fraterie, Abdelghani, qui a condamné publiquement les agissements de son frère quand Zoulikha Aziri, elle, est soupçonnée de les cautionner. «C'est très grave, c'est pas bien. Si j'avais su, je l'en aurais empêché», dit-elle pourtant à ce sujet, avant d'ajouter, plus ambiguë : «S'il avait été vivant, il aurait payé pour ce qu'il a fait.» On lui rappelle alors ses conversations avec Abdelkader au parloir, enregistrées à son insu. «Mohamed est parti pour la bonne cause», dira notamment la mère de famille. «C'est faux ! s'emporte-t-elle. Ramenez-moi l'enregistrement !»
Il y a enfin — pierre angulaire de l'accusation dans ce dossier où les preuves sont ténues — ce 4 mars 2011. Vers 23 heures, quelqu'un s'est connecté sur la box Internet de Zoulikha Aziri pour consulter une petite annonce : celle postée par Imad Ibn Ziaten pour vendre sa moto. Le parachutiste sera la première victime de Merah. Ce quelqu'un, pour l'accusation, n'est autre qu'Abdelkader. Sa mère nie : «C'est Mohamed, depuis l'extérieur, il avait mes codes !» «Impossible, lui rétorque Me Mehana Mouhou, avocat de la famille du militaire. Les experts l'ont dit.» «Je sais mieux que les experts ! Personne n'est venu chez moi» «Si, madame, la famille veut la vérité !» tonne l'avocat, dans un face-à-face tendu à l'extrême. «C'est Mohamed !» hurle désormais en français, se passant des services de son interprète, Zoulikha Aziri.
Lorsque Eric Dupond-Moretti, l'offensif avocat de la défense, lâche : «Mais c'est la mère d'un mort, c'est la mère d'un accusé !» la salle explose. En larmes, le frère d'Imad Ibn Ziaten quitte la salle en hurlant sa douleur : «Vous êtes méchants ! Vous êtes de la merde ! Vous êtes des assassins !» Quelques minutes plus tard, le ténor du barreau, après avoir mis le feu aux poudres, se pose en juge de paix. «Elle a perdu son fils, ce n'est pas une injure de le dire», dit-il, doucereux. Et de citer Albert Camus : «Entre son fils et la justice, elle a choisi son fils.»
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